
Les apiculteurs français ont choisi ce jeudi pour alerter les pouvoirs publics sur le taux de mortalité très élevé des abeilles. Dans leur viseur : les pesticides qui tuent leurs insectes.
Ils vont converger de plusieurs régions avec des ruches vides et des abeilles mortes jusqu’à l’Elysée pour réclamer des aides publiques. Cette année est particulièrement meurtrière pour les abeilles domestiques, certains professionnels ont perdu la quasi-totalité de leurs ruches. C’est pour cela qu’ils demandent également l’interdiction des pesticides. Car même si l’Union européenne a voté pour l’interdiction de trois produits de la famille des néonicotinoïdes sur toutes les cultures en plein air, pour les ONG, comme Greenpeace Europe, il reste encore d’autres pesticides qui déciment les ruches.
Beaucoup de zones géographiques sont touchées en France.
En Dordogne, 2 500 colonies sont mortes. La situation est aussi problématique en Charente-Maritime, en Bretagne, dans le Doubs ou encore dans la Creuse. Plusieurs raisons à cela, la météo de cet hiver qui n’a pas été bonne, mais aussi des maladies qui se sont développées. A cela s’ajoutent les pesticides, qui déboussolent les abeilles, domestiques et sauvages.
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Si le phénomène s’accentue, concernant les abeilles domestiques et sauvages, cela pourrait avoir de graves conséquences sur la biodiversité.
Il existe 1 000 espèces différentes d’abeilles sauvages en France et 20 000 à travers le monde. Selon les scientifiques, les abeilles sont apparues sur Terre, 100 à 150 millions d’années avant l’Homme. Elles ont permis l’évolution des plantes à fleurs et en ont garanti la survie.
Car les insectes, et principalement les abeilles, contribuent à la pollinisation de 80% des espèces de plantes à fleurs et des plantes cultivées. « La pollinisation est un élément essentiel de la reproduction sexuée des plantes, explique Bernard Vaissière, chargé de recherche à l’unité abeille et environnement à l’Inra d’Avignon. Les plantes produisent du pollen qui contient des gamètes mâles, et ce pollen n’est pas mobile. Il faut donc le transférer sur la partie réceptrice de l’appareil femelle de chaque plante. Pour cela, il y a la gravité, le vent, ou les insectes, et donc les abeilles ».
Selon le chercheur, les abeilles interviennent dans 4 grands domaines de l’agriculture, « ce qui représente 30% de notre tonnage d’alimentation, elles sont donc essentielles à notre alimentation » :
Selon l’Inra, Institut national de la recherche agronomique, la valeur économique de l’activité pollinisatrice des insectes est estimée à 153 milliards d’euros, « soit 9,5% en valeur de l’ensemble de la production alimentaire mondiale. Les cultures les plus dépendantes de la pollinisation par les insectes sont aussi celles qui ont la valeur économique la plus importante« .
Pour pallier le manque d’abeilles, « de plus en plus d’agriculteurs ont recours à la location de colonies d’abeilles domestiques, ajoute Bernard Vaissière, ou à des colonies de bourdons pour assurer la pollinisation de leur verger ou de leur culture« .
Les abeilles se nourrissent en grande partie de pollen et de nectar. « Avec l’artificialisation des paysages, s’alarme l’Inra, les pollinisateurs font face à de longues périodes de disette. Pour assurer leur protection et leur survie, il faut donc préserver la diversité des sources de pollen en recourant à des jachères florales en zones de grande culture, sur les bordures des routes, dans les jardins des particuliers … »
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