Les animaux n’ont jamais touché d’instrument mais ils comprennent instinctivement le langage musical. Impressionné par ce qu’il a vu, Gabriel finit par monter une équipe mue par un rêve un peu dingue: inventer un système de communication électronique inter-espèces.
En 2013, le projet Interspecies Internet se dévoile au monde lors d’une conférence TED.
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Techniquement, l’Interspecies Internet est une gigantesque montagne à gravir.
S’il existait, le système idéal serait non seulement une pierre de Rosette du langage animal, mais également une interface de communication adaptée à chaque espèce (puisqu’un dauphin, si doué soit-il, ne pourra pas utiliser les mêmes outils qu’un singe). La tâche semblait jusqu’alors inatteignable mais l’évolution des algorithmes de reconnaissance du langage naturel (NLP) et des interfaces de communication la rendent désormais envisageable.
Pour y parvenir, l’équipe de recherche développe plusieurs axes de travail. Des interfaces classiques, comme FaceTime ou Skype, fonctionnent déjà partiellement chez les orangs-outans, même s’ils passent plus de temps à jouer qu’à discuter. Les dauphins ont eux aussi leur écran tactile, mis au point en 2017.
Côté logiciel, l’Earth Species Project met à profit le deep learning non supervisé pour décoder les sons des baleines, dauphins, primates et autres animaux.
De leur côté, des primatologues creusent l’idée de former des singes dans un environnement humain, comme c’est déjà le cas concernant Kanzi, pour servir de traducteur inter-espèce.
Les pistes ne manquent pas. L’Interspecies Internet avance au rythme de la recherche et de l’innovation.
Bien que les enjeux techniques, scientifiques et philosophiques soient colossaux, c’est un autre aspect qui motive Jeremy Coller, le millionnaire américain dont la fondation finance majoritairement l’initiative : celui de la protection animale. Car le jour où nous pourrons parler au bétail, argue-t-il, il nous deviendra beaucoup plus difficile de le manger.